Les aménagements paysagers

 

Requalifier nos paysages

La requalification des aménagements est une intervention simple et efficace pour protéger nos paysages. À grande ou petite échelle, les citoyens et les municipalités peuvent intervenir à leur rythme en suivant quelques principes simples pour éviter une banalisation accélérée de nos villages et de nos campagnes.

Les aménagements paysagers ont deux fonctions premières: l’intégration et le souci esthétique.

 

L’intégration

Les bâtiments s’intégrent davantage au paysage naturel lorsqu’ils sont entourés d’un écran de verdure. De manière courante, on utilise des végétaux pour dissimuler par exemple le dessous d’une galerie ou l’entrée et les soupiraux de la cave. Dans le même esprit, on peut se servir d’arbustes pour camoufler une aire de stationnement, une nouvelle remise, une boîte à déchet ou une piscine.

Le souci esthétique

Une propriété ornée d’arbres, d’arbustes et de fleurs dégage une ambiance particulière, originale et unique en raison des essences choisies, de leurs agencements et de l’amalgame des couleurs suivant les saisons.

Il faut tenir compte des caractéristiques du milieu pour choisir le mode d’aménagement à privilégier et les règles à observer. Les critères varient en fonction du milieu rural; les milieux agricoles et villageois ne permettent pas les mêmes libertés. Pour éviter de créer des ruptures trop brusques, il faut aussi s’inspirer de notre milieu environnant. Règle générale, il importe donc de favoriser les aménagements naturels et traditionnels plutôt que d’introduire sans aucun discernement les nouvelles modes et les nouveaux matériaux disponibles sur le marché.

 

Les aménagements naturels

Dans un milieu rural traditionnel, il est préférable de s’inspirer des caractéristiques du lieu à partir des arbres indigènes et des matériaux naturels.

Quelques règles de base:

-éviter les aménagements banlieusards trop organisés à l’avant des propriétés et favoriser un mode d’aménagement naturel et moins structuré

-dissimuler par des écrans de verdure les aires de stationnement et les circonscrire àl’arrière ou sur le côté des propriétés

-jouer avec la topographie naturelle en évitant les nombreux remblais et talus

-utiliser les matériaux naturels comme les pierres des champs, les pierres plates, la poussière de pierre et le gravier, plutôt que les interblocs et l’asphalte

-pour délimiter les propriétés, on utilise des allées d’arbres, des haies végétales non-taillées, des clôtures de perches ou de bois dans les milieux agricoles ou le bois et le fer forgé dans les milieux villageois, plutôt que les clôtures métalliques ou synthétiques

-privilégier les essences d’arbres indigènes plutôt que des arbres exotiques

Les nouvelles plantations d’arbres

La préservation des arbres et arbustes est préférable aux nouvelles plantations. De vieux arbres ou haies peuvent souvent être traités et rajeunis. Si le couvert végétal doit être renouvellé, la plantation d’arbres et d’arbustes doit ajouter des valeurs.esthétiques et pratiques à l’espace. Une belle rangée d’arbres en bordure d’une allée lui confère une allure solennelle, à un autre endroit des alignements d’arbres peuvent délimiter une propriété et servir de brises-vents.

Règles de base:

-choisir des essences indigènes

-prévoir l’étalement dans l’espace, des branches et des racines,

pour éviter d’endommager les fils aériens ou les fondations d’un bâtiment

-préserver les percées visuelles d’importance

-prévoir l’effet désiré selon les saisons, en hiver certains conifères forment un écran

contre les vents froids dominants, mais ils peuvent aussi créer de l’ombre en été

 

Les variétés de plantes et de fleurs d’ornements

Si vous possédez une propriété ancienne, la toute première chose à faire est l’inventaire des arbustes, des plantes et des fleurs existantes sur le terrain. Rien n’est plus agréable que de faire revivre un vieux rosier, de rajeunir une haie de chèvrefeuille ou de découvrir pendant la belle saison, les vestiges de massifs de fleurs abandonnés! Si vous désirez compléter votre aménagement, vous pouvez vous inspirer des jardins anciens. Beaucoup de variétés sont disponibles et en vogue encore aujourd’hui.

 

S’inspirer des jardins anciens

Les livres d’histoire et les documents anciens nous livrent leurs secrets et peuvent éclairer nos choix. Les jardins floraux et les aménagements sont composés de plantes courantes et simples ou d’espèces plus rares et recherchées souvent suivant les moyens et les occupations des propriétaires. Il existe des différences entre les aménagements observés en zone rurale et en zone de villégiature par exemple.

Voici d’ailleurs quelques extraits choisis:

 

"Le goût des fleurs parmi toutes les classes de la société canadienne-française est presque généralisé. (Thomas Amburey, 1789)"Chaque demeure possède un massif floral sur le parterre avant ou dans l’enceinte du potager. Pour la femme, une maison ne va jamais sans fleurs. Tellement qu’en territoire de colonisation un des premiers gestes est de fleurir les alentours de son domicile. Toutes d’importation européenne, mais depuis longtemps acclimatées, les fleurs qu’elle sème ne le sont que pour l’oeil. On ne les coupe presque jamais pour orner en bouquets le centre de la table ou le rebord de la cheminée, à moins d’un événement spécial telle une noce. La saison des fleurs cultivées est trop courte pour qu’on l’abrège de cette manière.(...) Mais, règle générale, muguet, lilas, roses, géraniums, hémérocalles fauves, "gueules-de-lions", "quatre-saisons"(hortensia), "vieux-garçons", "queue-de-rat", pavots, pensées, pivoines et résédas s’ouvrent, s’épanouissent et se fanent dans le jardin. À la flamboyance des couleurs succède l’éparpillement des pétales dans les allées."

"(...)en 1862, il est courant de trouver devant une maison de campagne la rose, l’oeillet , la giroflée, la violette, la capucine, la belle-de-nuit, le lys-d’un-jour, la tulipe, l’impatiente, le pois-de-senteur ou le chèvrefeuille. En 1864, le catalogue de Louis Morisset, un pépinériste de Port-Neuf, offre 130 espèces de fleurs vivaces, dont la pivoine, le coeur-saignant, le glaieul et le dahlia (...)".

Extrait de: Jean Provencher, Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent, Les Éditions du Boréal, Montréal, 1988, pp.119 et 246.

 

Le jardin de grand-mère:

Il n’y avait pas une grande variété: des oeillets hauts sur tige, et qui se balançaient; des roses, et il me semble que le temps des roses ne passait pas alors aussi vite qu’aujourd’hui; des "gueules de lions"...on serrait entre ses doigts la base du calice et la fleur s’ouvrait comme pour mordre; des "quatre-saisons" dont la floraison persistante se nuançait, tour à tour pourpre, bleue, blanche et rouge; des "vieux-garçons" aux corolles allongées; des "queues-de-rats" aux épis odorants; des pivoines aux têtes lourdes; des pavots; beaucoup de pavots; du réséda qui sentait bon; et des pensées de toutes les couleurs. C’était tout; mais il y en avait assez pour donner des airs de fête aux "carrés de légumes".

Extrait de: Adjutor Rivard, "Chez nos gens" Québec, Action sociale catholique, 1918, p.54-55.

 

 

Le jardin des King à Saint-Pacôme

" Disposé en forme de U, ce jardin comprend un jardin de fleurs et un potager, protégés du côté nord-est par un rideau d’arbres. Des lilas croissant au centre du jardin, semblent border un axe qui aboutit à une petite tonnelle couverte de vigne vierge et encadrant une magnifique aubépine "Toba"aux fleurs roses.(...) Des témoignages récents font état qu’auparavant, du temps des King, une place importante était accordée aux fleurs du printemps, comme les narcisses et le muguet, puis aux pivoines, devant la maison, et à d'autres fleurs qui ornaient les carrés du potager, en bordure duquel on retrouvait arbustes à fleurs et arbres fruitiers.(...)Solution ingénieuse, ils (les nouveaux propriétaires) ont semé pratiquement à la volée des miliers de graines de lupins dans la plupart de ces champs."

Extrait de: Paul-Louis Martin, Pierre Morisset et Janouk Murdock, Promenades dans les jardins anciens du Québec, Les Éditions du Boréal, Montréal, 1996, p.123.

 

Une pépinière renommée

A Saint-Roch-des-Aulnaies, Auguste Dupuis possède l’une des plus grandes entreprises commerciales de toute la vallée du Saint-Laurent. Dès 1868, il vend des plants d’arbres fruitiers, d’arbres et arbrisseaux d’ornements, des bulbes à fleurs, des plantes vivaces et des herbacées. Ses produits sont livrés par chemin de fer ou par bateau à vapeur dans toutes les directions.

Des annonces publicitaires et un catalogue parus entre 1874 et 1892, nous permettent de dresser une liste sommaire des arbres et plantes couramment mentionnées. Ce type d’information peut nous donner une bonne idée des variétés prisées à cette époque.

Liste des plantes disponibles:

Arbres

Bouleau

Cormiers

Érable à feuilles argentées

Érable à Giguère

Maronniers

Noyer

Orme américain

Peupliers à feuilles argentées

Saules pleureurs

Arbustes:

Berberis

Chèvrefeuille

Hydrangea grandiflora

Lilas commun blanc ou mauve

Rosiers

Seringa

Spirées

Vigne vierge

Viorne (Boules de neige)

Weigelas

Fleurs

Aconits

Phlox

Pivoines de Chine

"(...) et autres bulbes à fleurs et tous les articles qu'on recontre en général dans une pépinière (...)"

Cette liste n’est qu’un aperçu des plants vendus à la pépinière d’Auguste Dupuis, d’autres articles plus commun ou plus rares sont aussi disponibles.

Extrait d'une annonce de la pépinière d'Auguste Dupuis, à Saint-Roch-des-Aulnaies, parue dans le no 5 de la Gazette des Campagnes, le 24 mars 1892.(Archives de la Côte-du-Sud)

A vous maintenant d’embellir vos demeures et vos parterres !

Il agit d’observer, de parcourir votre région et d’explorer l’histoire des jardins anciens pour composer vos aménagements paysagers !

Dans la région du Kamouraska, les lilas mauves ou blancs et les rosiers sauvages ou églantiers se retrouvent souvent autour des maisons anciennes.

 

 

 

 

 

Les plantes d’ombre sont un choix judicieux sous les galeries.

 

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Pour en savoir plus

Guide d’intervention en patrimoine. MRC de Charlevoix, Les Impressions Charlevoix Offset Inc., 2001, 72 p.

Nolet, Marie. « Coup de jeune au jardin. Des arbustes regaillardis ».  Continuité, Été 1999, Numéro 81, p.48-50.

Nolet, Marie. « Coup de jeune au jardin. Arbres ».  Continuité, numéro 79,  p. 20-22.

Nolet, Marie. « Pelouse et vivaces ». Continuité, numéro 78. p.50-53.

Nolet, Marie. « Le bouquet du siècle ».Continuité, numéro 83, p. 47-50.

Martin, Paul-Louis, Morisset, Pierre et Murdock, Janouk. Promenade dans les jardins anciens du Québec. Les Éditions du Boréal, Montréal, 1996, 177 p.

Pronovost, René. « Les plantes grimpantes. Un jardin à la verticale ».  Continuité, numéro 80, p.16-19.

Provencher, Jean. Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent. Les Éditions du Boréal, Montréal, 1988, 605 p.

Romer, Thérèse. « Bulbes d’été. Généreuses natures ». Continuité,  Été 2001, numéro 89, p. 15-17.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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